Le El Salvador écrit son histoire caféière depuis le milieu du 19ème siècle. En 1880 le café dépasse l’indigo en tant que première culture d’exportation et apparaît alors comme le moteur d’un développement social durable. Malheureusement, en 1882, une loi libérale dépouille les paysan·nes du droit d’accès aux terres communes réorientant le foncier devenu privé vers une élite. Les fermiers en subissent les conséquences ; ils deviennent salariés avec de faibles revenus et vivent dans des conditions déplorables. Dans les années 1930 la production caféière représentait 90% des exportations du pays (juste colossal).
Aujourd’hui nous allons parler de la famille Ruffatti, des producteur·rices de la région Nord Ouest du Salvador proche de la ville Santa Ana. L’expérience des Ruffatti dans la caféiculture et la transformation impose le respect. Les membres de la famille de Rodolfo cultivent et exploitent le café depuis 6 générations du côté de sa mère et 5 du côté de son père. Le premier à s’installer au El Salvador fut l’arrière-arrière-grand-père Mr Luigi Risso un agriculteur de Gênes (Italie) dont l’activité fut le commerce et l’importation de produits Italiens pour sa communauté (entre 1880 et 1920 : 200 000 européen·nes s’installèrent au El Salvador). Un accident immobilisa Luigi lors de la traversée des montagnes de Santa Ana ; il tomba amoureux de la région et décida d’acheter sa première plantation caféière. La suite s’écrira avec l’arrière-grand-père, Mr Rodolfo Ruffatti, membre d’une famille de Turin ancrée dans le textile. Il s'établit au El Salvador pour reprendre le magasin général de son oncle et se marie avec Adela. Tout se déroule pour le mieux mais la grande dépression américaine frappe, les affaires vont mal ; Rodolfo saisit la main tendue par son beau-père caféiculteur et rejoint sa plantation. Dans le début des années 1930, ils feront l’acquisition de la Finca El Salvador (FES) , celle qui appartient maintenant à l’arrière-petit-fils du même prénom et nom : Rodolfo Ruffatti. Celui-ci en a repris les commandes en 2019, à la retraite de son père. Pas facile pour Rodolfo d’assumer un tel héritage familial, la pression est certaine mais le projet le passionne ; il insuffla un nouvel élan. L’évolution de la caféière démarra par l’apparition de nouvelles variétés sur les parties de basse altitude. Là, se concentrent des cultivars de haut rendement, résistants à la rouille et de bonne qualité, tels que le Tabi et Portillo. A l’inverse sur les hautes altitudes de la ferme sont plantées des variétés d’excellence comme les : Sudan Rume, SL28, Sidra, Mokha, Gesha, Bourbon rouge et orange... Mais sa démarche va plus loin, il prône une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. Et comme il le dit si bien : « Nous nous diversifions afin de produire également de la nourriture. La plupart des aliments proviennent de plantations de monocultures déboisées telles que le maïs et le blé, mais que se passerait-il si nous pouvions trouver un moyen de créer des écosystèmes forestiers qui fournissent des revenus à partir du café et de produits alimentaires dans une agriculture conjointe ? C'est ce que nous essayons de faire ! ».
La variété cultivée (ancestrale) Bourbon débute son histoire en 1708 sous l’impulsion de Louis XIV avec une première tentative d’introduction de ce caféier sur l’île de la Réunion (anciennement nommée Bourbon) mais ce fût un échec et les arbres périrent. Il faudra attendre 1715 pour voir Dufresne D’Arsel, commandant de vaisseaux en provenance du Yémen, déposer sur l’île les plants rescapés de la traversée ; le bourbon était né. Cette variété se propagera grâce à des missionnaires et sera introduite pour la première fois en Amérique en 1860, dans le sud du Brésil, près de Campinas.
El Salvador
Depuis six générations, la famille Ruffatti cultive le café dans la région de Santa Ana, au Salvador. Héritier de cette tradition, Rodolfo Ruffatti a repris en 2019 la Finca El Salvador, insufflant un nouvel élan à l’exploitation. Il y développe une approche mêlant cafés d’exception (Gesha, SL28, Sudan Rume...) en haute altitude et variétés résistantes en basse altitude. Plus qu’un caféiculteur, Rodolfo est un fervent défenseur de l’agroforesterie, intégrant caféiers et cultures vivrières pour préserver l’équilibre des écosystèmes et repenser l’avenir de l’agriculture.