Histoire

Comment ne pas aborder le cheminement du café en Ethiopie puisqu’il s’agit du berceau originel, avec le Soudan Sud, du Coffea Arabica. Ces terres ont abrité probablement plus de 10 000 variétés endémiques sauvages. La date exacte d’apparition de l’arbuste reste une énigme emplie de légendes et d'anecdotes mais l’histoire laisse penser que le café poussait en Ethiopie à une période proche de 525 après JC. De même, il est fort probable que la toute puissante Abyssinie (Ethiopie), qui dominait alors le royaume d’Himyar (Yémen), ait permis vers 575 après JC l’introduction des premiers caféiers au Yémen.

La production

 De par leur diversité, les cafés du Sidama reflètent toute la richesse des terroirs et des paysages. Nous sommes ici, au centre de forêts primaires dont les arbres ancestraux dépassent probablement les 200 ans. Des montagnes escarpées de Bensa aux vallées de Dale et d'Aleta Wendo, le café pousse partout, il est ancré dans le mode de vie d’un peuple. Comme souvent dans ce pays, les fermier.ères dépendent de groupements (1600 membres) répartis dans la chaîne montagneuse ; parmi ces communautés celles de Bombe, Shantawene et Keramo ont une renommé établie. Les cerises récoltées émanent d’une zone frontalière du village de Shantawene. Elles ont été acheminées à la station où chaque lot a été contrôlé, associé et traité, pour constituer les volumes de café propices à l’exportation. Cette station de lavage appartient à la Daye Bensa, un exportateur dont les propriétaires se nomment Asefa et Mulugeta Dukamo, deux acteurs majeurs de la scène caféière Éthiopienne. Asefa, l’aîné, a travaillé jusqu'à l’adolescence dans la ferme de ses parents et très vite, il a perçu le manque criant d’infrastructures (stations de traitement). Comment vendre ses cerises et fournir un café de qualité lorsque les chaînes de transformation sont inexistantes ou trop éloignées ? Alors un rêve ambitieux ne quitte plus Asefa ; celui d’avoir un jour sa propre station de lavage, et ainsi diminuer les déplacements coûteux des producteur·rices. Son rêve deviendra réalité en 1997 avec l’installation de sa toute première structure dans le village de Girja, à moins de 2km de la ferme de ses parents. Depuis le travail et la pugnacité ont porté leurs fruits, actuellement la famille Dukamo dispose de 20 stations de lavage, 3 fermes et 5 moulins, dans pas moins de 6 districts. Mais le chemin ne s’arrête pas là. Conscient des enjeux environnementaux, l’entreprise a fait planter des arbres d’ombrages pour maintenir la canopée et fertiliser les sols avec le soutien du ministère de l’agriculture. En plus des fermes appartenant aux petit·es producteur·rices, la Daye Bensa a les certifications biologique, CAFE PRACTICE, UTZ et Rainforest Alliances. Leurs cafés concourent régulièrement dans la prestigieuse compétition des « Cup of Excellence ». Un de leur lot de la variété 74110 (Jarc) a obtenu la 2^ème place en 2022, grâce à un « cupping » score de 90.25/100.

Caféiculture

Parlons des variétés et du terme -heirloom-. Ce nom générique englobe l’ensemble des variétés locales endémiques et ancestrales d’Ethiopie. Il reflète aussi souvent l’incapacité pour un acheteur de café vert, voir un producteur à identifier distinctement la ou les variétés endémiques de ses fèves : « je ne sais pas… alors il s’agit d’un -heirloom- ». Pour rappel : Au vue de la quantité importante de variétés et du manque de moyens, un grand nombre de caféiers n’est pas identifié à ce jour par les botanistes.